Les opposants à la politique de Mr Macron sont-ils tous des « extrémistes de gauche » et des gilets jaunes?

C’est par l’affirmation que semblent répondre des journalistes du Progrès de Saint Etienne dans leurs articles intitulés: « Cinquante personnes de la mouvance d’extrême gauche rassemblées à Saint-Étienne » et « Saint-Étienne: quelques Gilets jaunes se sont rassemblés place du Peuple » datant du 12 et du 16 mai 2020, en parlant des manifestations qui ont eu lieu les 11 et 15 mai.

Signalons tout de même que les manifestants sont venus masqués et ont respecté les distances de sécurité. Ce qui n’a pas empêché les forces de l’ordre de leur coller des amendes!

Ces articles du « Progrès » ont indigné les manifestants, qui ont été choqués de se voir coller une étiquette politique, et l’un d’eux a écrit un communiqué qu’il a envoyé aux journalistes et fait circuler sur les réseaux sociaux. Il a accepté que nous le publions dans Sainté Debout:

« Cher.e.s rédacteurs et rédactrices du journal Le Progrès

En réponse à vos articles du 12 mai 2020 « Cinquante personnes de la mouvance d’extrême gauche rassemblées à Saint-Étienne » par Jerome ABOU

et celui du 16 mai 2020 « Saint-Étienne: quelques Gilets jaunes se sont rassemblés place du Peuple » par Françoise SALLE

J’aimerais commencer par tenter de comprendre comment vous choisissez le contenu de ces articles. Alors, je vais poser des questions :

Article du 12 mai 2020 :
Comment justifiez-vous l’utilisation des termes « mouvance d’extrême gauche » alors que vous écrivez plus bas « pas de revendication particulière » ? Êtes-vous allé interviewer les citoyen.ne.s concerné.e.s, ou vous-être vous basé sur des à priori visuels (les vêtements peut-être?), ou bien sur les dires des forces de l’ordre ?

Pour poursuivre : « mais ne semblaient pas respecter les mesures de distanciation sociale et l’interdiction des réunions de plus de dix personnes » Que voulez-vous dire avec le terme « semblaient » ? Voulez-vous nous dire que vous n’étiez pas présents sur la place Chavanelle ? Auquel cas, sur quoi vous basez-vous pour écrire votre article ? Pourquoi avoir choisi une photographie serrée de la brigade de police qui ne montre aucun.e citoyen.ne ? Et pas une photographie du rassemblement que vous décrivez ?

Article du 16 mai 2020 :

En regardant le titre de l’article et la photographie principale, ne trouvez-vous pas une incohérence évidente ? Ce sont deux infirmières que vous choisissez comme première image. D’ailleurs, je vous vois chercher partout la couleur jaune pour justifier votre propos « La couleur jaune est peu visible », « Un message des Gilets Jaunes ». La banderole « Je veux me déshabituer aux violences policières, étatiques, financières, autoritaires, ravageuses » est la mienne. Pourtant, je ne porte pas l’étiquette « Gilet Jaune », bien que je soutienne leur lutte. C’est aussi le cas d’autres personnes qui se trouvaient sur la place du Peuple cette après-midi. Étiez-vous au courant de l’appel national lancé par le collectif »Bas les masques »? Si vous aviez pris la peine de lire le dossard d’une des infirmières de votre photographie principale, et si vous vous étiez renseignée sur ce hashtag, peut-être l’auriez-vous su? De même que dans l’article précédent, je réitère ma question :
Comment justifiez-vous l’utilisation des termes « Gilets Jaunes » au delà du chant « On est là » et du mot sur papier jaune ? Vous-êtes vous basée sur la date et l’horaire propre à ce mouvement ? Sur les dires des forces de l’ordre ? Êtes-vous allée interviewer les citoyen.ne.s concerné.e.s ? De qui êtes-vous la porteuse de voix ?

Sur aucune de vos photographies je ne perçois de preuves évidentes d’un rassemblement de plus de 10 personnes. Je me suis faite verbalisée pour « rassemblement de plus de 40 personnes capté par caméra de vidéo surveillance » Avez-vous décalé vos yeux de journaliste sur la file d’attente devant les deux magasins de la place pour y voir des personnes agglutinées pour aller consommer ?
À quelques mètres, une file de citoyen.ne.s faisaient la queue pour entrer dans un magasin de vêtements, ils et elles étaient plus de 10, et ils et elles ne respectaient pas les distanciations physiques. Les « on est là » fusent, c’est d’abord une exagération, ensuite vous oubliez d’indiquer un autre chant « Police nationale milice du capitale » tout autant que les huées, ou les applaudissements lors du départ des brigades. Aviez-vous notifiée qu’une majorité des employé.e.s de police présent.e.s n’avaient pas leur numéro RIO visible ? Cela ne vous pose-t-il pas question ?

Sans vouloir vous indiquer comment pratiquer votre métier, voici tout de même quelques propositions qui me semblent relever du bon sens :
– La prochaine fois, venez interviewer les citoyen.ne.s présent.e.s sur la place
– Tenter de rédiger vos articles sans être manipulé.e.s par vos propres anciennes informations, c’est ce que j’appellerais la distance professionnelle.
– Si vous couvrez un événement sur une place publique de la sorte, posez-vous la question « Comment suis-je entrain de supposer qui et qui sont en « rassemblement » ? »

La moindre des choses serait de revenir sur vos très mauvais articles en en assumant les modifications. J’oserais demander des excuses publiques, mais je suppose qu’elles seront absentes de votre réponse.

Faites votre travail correctement ou laissez la place à d’autres. »

Cet après-midi, un de nos amis a contacté par téléphone les journalistes du Progrès qui ont répondu que « c’était une simple erreur ». S’excuseront-ils publiquement dans leur journal?