Loïc Vitrant: l’engagement dans le sang!

C’est sur le plateau de TL7 à Saint Genest Lerpt que j’ai vraiment rencontré Loïc Vitrant. Auparavant, nous n’avions fait qu’échanger quelques mails sur facebook, nous rendant compte que nous partagions beaucoup de valeurs en commun. Ce jour-là, nous avions été invités par des journalistes pour débattre avec d’autres citoyens et des parlementaires. En fait de débat citoyens, ce sont principalement les politiciens qui se sont exprimés et nous n’avons eu que très peu la parole (voir l’article: TL7 Grand Débat rédigé par Philippe Bariol sur Sainté Debout). En discutant avec Loïc hors antenne, j’ai pu me rendre compte que ce jeune était très engagé et avait beaucoup de choses à dire. Je lui ai donc proposé de l’interviewer sur Sainté Debout, un média indépendant qui lui permettrait de vraiment dire ce qu’il avait à dire. Bonjour Loïc, peux-tu te présenter à nos lecteurs?

Bonjour Fabrice, je m’appelle Loic , j’ai 25 ans, je viens du Nord Pas de Calais plus précisément de Jeumont. Je suis issue d’une famille ouvrière, mon arrière grand père était cheminot cégétiste et communiste et il a fait la Résistance. Ma grand- mère était gaulliste et à l’action catholique générale des femmes : mouvement du catholicisme social pour les femmes. Ma mère, ancienne militante du parti socialiste, est bénévole en soutien scolaire dans un centre social. Mon père cariste est syndiqué à Sud et membre de la fédération française de pétanque au niveau local. Mon oncle soudeur est lui syndiqué à la CFTC et militant du parti socialiste.

Peut-on dire que tu as reçu la force de l’engagement en héritage?

Clairement oui, mon engagement vient de ma famille! Je me suis engagé très tôt dans toutes sortes d’actions. Après avoir fait du théâtre dans un espace de théâtre alternatif: le centre Pasolini, j’ai été membre de la Fédération Française d’études et de sports sous marin au niveau local. En tant que délégué de classe et adjoint au délégué du lycée, avec des collègues délégués, j’ai mené des projets avec la direction de l’établissement: nous proposions, par exemple, de transformer la chapelle du lycée en ruine, en salle de spectacle pour que les lycéens puissent se produire. Je me suis syndiqué ensuite au Syndicat Général des Lycéens et ai participé à différentes grèves face aux réformes du gouvernement de Nicolas Sarkozy. Le dimanche, j’ai été servant d’autel et aussi animateur bénévole à l’aumônerie de l’enseignement public. Je me suis engagé au Parti Socialiste, au Mouvement des Jeunes Socialistes et à l’association Homosexuel et Socialisme pour faire avancer les droits des LGBT. Je suis catholique mais j’ai soutenu le mariage pour tous. Un ami diacre qui est militant au Parti Socialiste mais aussi militant à la CFDT et ancien militant de la JOC m’a parlé de la JOC en me disant que la JOC c’est l’école de la vie et le trait d’union entre mes idées de Gauche et ma foi en Jésus Christ  mais je n’ai pas franchi le pas tout de suite. Des mois sont passés, je me suis positionné en tant qu’écologiste au sein du Parti Socialiste, et ai fait connaissance avec le représentant de la motion Utopia du PS auquel j’ai adhéré ensuite. Je me suis ensuite aperçu, au cours du congrès des socialistes, que les militants n’étaient pas pris en compte par les instances du PS  dans leurs choix et que les élus étaient des apparatchiks : ils ne pensent en réalité qu’à leurs réélections et négligent les citoyens et les militants. Je suis donc rentré dans les rangs des frondeurs où j’ai milité contre les Accords Nationaux Interprofessionnels, le CICE, la déchéance de nationalité, la loi Macron.

Je me suis ensuite engagé à la JOC pour défendre les jeunes notamment les jeunes privés d’emploi. La JOC m’a ouvert les yeux et m’a montré que l’on peut faire de la politique autrement.  J’ai démissionné du Parti Socialiste pour les raisons suivantes : La loi El Komhri qui précarise la population, les élus apparatchiks et les instances nationales qui ont trompé les citoyens et les militants. Je me suis impliqué dans le collectif « Nuit Debout », dans le collectif contre le Gaz de Schiste car des permis de construction sont déposés dans le Nord et j’ai rejoint la CGT.

A la fois avec la JOC puis avec Utopia au collectif du refus de la misère piloté par ATD quart monde, j’ai travaillé sur la régie publique de l’eau et, avec les autres membres de ces mouvements, nous avons rédigé un plaidoyer auprès des élus de l’Agglo Maubeuge Val de Sambre mais celui-ci a été repoussé. Peux-tu me parler du mouvement Utopia?

Utopia est une coopérative citoyenne et politique, un laboratoire d’idées, un mouvement transparti à gauche, une ONG, une maison d’édition, une maison de production, un mouvement de résistance et d’expérimentation concrète, un lieu d’éducation populaire. La raison d’être du mouvement c’est d’imaginer et de construire avec les citoyens un projet de société humaniste, fraternel, écologiste, altermondialiste dépassant le système capitaliste et la logique productiviste.

Le CCFD agit-il contre toutes les formes d’injustices?

Oui, c’est un mouvement qui prend racine dans la pensée sociale de l’Eglise. La JOC fait partie de la gouvernance collégiale du CCFD Terre Solidaire qui défend, dans sa doctrine, la dignité de la personne humaine, le Bien Commun qui regroupe des aspects écologistes mais aussi des notions comme le travail et le vivre ensemble. Le bien commun on ne peut pas le réduire à des notions comptables. Nous croyons aussi en l’action publique et en la solidarité.

Sur le plan politique, Tu as aussi milité dans « la France Insoumise »?

Suite au refus de la dégradation du service à l’Hôpital ou je travaillais, j’étais en colère , je décide de militer à la France Insoumise pour élire Jean Luc Mélenchon à la présidentielle mais je me rends compte que c’est la même chose qu’au Parti Socialiste , on ne prend pas en compte les militants, je décide de quitter la France Insoumise même si j’apprécie François Ruffin que j’ai pu rencontrer. Toujours très engagé, j’ai aussi rejoins différents mouvements de gauche mais j’ai souvent été déçu par les calculs politiques des uns et des autres.  J’espérais dans le mouvement Génération S mais il y a là aussi beaucoup d’apparatchiks du PS et des Jeunes loups Socialistes ont rejoint la direction nationale de Génération S, cela me déçoit car on refais la même chose. De ce fait , j’ai quitté Génération S.

Résumons tout cela en disant que tu es quelqu’un de très investi en politique au sens noble du terme mais que la politique telle qu’elle est pratiquée par de nombreux politiciens aujourd’hui te déçoit beaucoup!

C’est cela!

Tu es arrivé sur Saint Etienne en août 2018 et tu as alors rejoint Rando pour la planète.

Tout à fait! Je pense qu’à notre niveau nous pouvons tous faire quelque chose pour la planète. Nous ne pouvons pas forcément consommer du Bio, c’est encore trop cher, mais nous pouvons changer des petites choses dans nos vies : c’est ce que je fais même si cela m’arrive de faire des courses à Auchan car mon budget est faible. Je réduis mon volume de course pour acheter des produits locaux à des producteurs locaux. J’ai réduit ma consommation de viande.

Tu es également toujours au CCFD?

Oui. Avec le CCFD, je suis engagé au Collectif en Transition Citoyenne 42 par le biais du Réseau Action Climat et à Alternatiba. Sur Saint Etienne, il y a beaucoup d’associations même si peu de subventions leur sont données et de nombreuses personnes réfléchissent à des solutions alternatives qui pourraient embellir la ville et la rendre plus écologique mais elles ne rencontrent pas une grande écoute de la part de la municipalité. Nous sommes un certain nombre à être pour la construction de davantage de pistes cyclables grâce à l’expertise de l’association Ocivélo, à souhaiter des transports en commun gratuits, une régie publique de l’eau, une régie publique des déchets, une monnaie locale, de l’habitat coopératif, des éco quartiers, des magasins coopératifs… Personnellement, je rêve que Saint Etienne devienne une municipalité collégiale avec un vrai pouvoir de décision citoyenne comme à Saillans mais les responsables politiques actuels sont loin de vouloir donner la parole aux citoyens.

Puisque tu es très sensible à l’écologie, je voudrais te demander ce que tu penses du « capitalisme vert »? Crois-tu que l’écologie et le capitalisme puissent être compatibles, comme le disent les membres de la République en Marche et même le responsable d’Europe écologie les Verts, Monsieur Yannick Jadot lorsqu’il vente « l’économie de marché et la libre entreprise »?

Pour moi, l’écologie et le capitalisme ne sont pas compatibles car l’écologie c’est repenser et révolutionner la vie dans le Bien Commun ( pas de gains, pas de réduction, ni d’augmentation budgétaire) c’est aussi le vivre ensemble en respectant l’Homme, la planète , les animaux. C’est aussi le partage des richesses et c’est aussi le partage du travail.

Merci Loïc d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et surtout merci pour tes multiples engagements au service de l’Homme et de la planète!

Merci à toi Fabrice qui, avec Philippe Bariol, à travers le Média Sainté Debout, essaies de donner la parole aux citoyens qui veulent construire un monde respectueux de la vie et des êtres humains.