Interview de Mr Michel Béal

Interview de Monsieur Michel Béal

La parole des stéphanois ayant été confisquée par Monsieur Perdriau et son équipe municipale, j’ai souhaité aller à la rencontre de Monsieur Michel Béal qui avait été son adjoint aux ressources humaines avant de lui remettre sa démission. J’avais eu des échos positifs de Monsieur Michel Béal de la part de personnes de différentes sensibilités politiques. Je lui ai donc téléphoné et il a accepté avec plaisir de répondre à quelques questions. je suis allé le voir et j’ai rencontré un homme charmant, ouvert au dialogue et très respectueux.

Bonjour Monsieur, pouvez-vous présenter ?

Oui, avec plaisir. J’ai soixante-quatre ans, je suis né à SAINT-ETIENNE. J’y ai fait mes études, tout d’abord, au lycée Claude Fauriel, puis, ensuite, à la faculté de droit de l’université Jean Monnet. Par la suite, et pendant près de quarante ans, j’ai exercé, avec passion, la profession d’avocat au barreau de cette ville, et ai assumé, à deux reprises, les fonctions de bâtonnier de l’ordre en 1992-93 et 2002-03. Depuis deux ans, je suis avocat honoraire …

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir adjoint aux ressources humaines ? Comment envisagiez-vous votre fonction et, au début, avez-vous pu l’exercer comme vous le souhaitiez?

J’ai fait la connaissance de Gaël PERDRIAU en 2008. A l’époque, Michel THIOLLIERE, ami d’enfance, m’avait demandé d’être sur la liste qu’il menait à l’occasion des élections municipales et où figurait, également, le futur maire de SAINT-ETIENNE. Par la suite, j’ai intégré, en 2012, le groupe municipal d’opposition qu’il présidait et nos relations, bien que j’aie « le cœur à gauche », se sont renforcées dans un respect réciproque. C’est dans ce contexte que Gaël PERDRIAU, pour les élections municipales de 2014, a souhaité que je figure, au titre de la société civile et des radicaux « dissidents » , sur la liste qu’il entendait conduire, et, après son succès, il m’a confié le poste d’adjoint aux ressources humaines car il connaissait mon parcours d’avocat en droit social et savait que, pendant de longues années, les ressources humaines avaient été au centre de mes préoccupations professionnelles et … que j’entretenais de bonnes relations avec les syndicats. J’ai accepté ce poste car la politique, à l’époque, issue du programme électoral et mise en œuvre par le maire, correspondait à ma conception des ressources humaines, à savoir : un réel dialogue social avec les organisations syndicales et une proximité renforcée de l’élu avec l’ensemble des agents de la collectivité. Pendant près de deux ans et demi, j’ai pu mener librement cette nouvelle politique sociale et le maire a rendu hommage à mon travail, comme en décembre 2015, par exemple, lorsqu’il m’écrivait que mon implication, toute particulière, témoignait du rôle essentiel des ressources humaines, et qu’elle avait permis de restaurer un climat de confiance sociale.

Alors que vous étiez adjoint au maire de Monsieur PERDRIAU, vous avez pourtant choisi de démissionner. Pour quelles raisons ?

En effet, j’ai démissionné en octobre 2016, car, quelques mois auparavant, le programme électoral, et les promesses qu’il contenait, ont été abandonnés, et j’ai constaté que je ne pouvais plus exercer mes fonctions d’adjoint sans renoncer à mes convictions …

Vous avez déclaré dans un article de l’ESSOR, datant du 11 octobre 2016, que « le dialogue social (entre les différents partenaires sociaux et acteurs de la ville), pour arriver à des consensus, et à des compromis durables, dans une atmosphère apaisée, n’était plus le bienvenu pour Monsieur PERDRIAU ». Il est pourtant essentiel qu’un élu soit à l’écoute de ses concitoyens et soit en capacité de dialoguer sereinement avec eux ?

Oui, il est essentiel, pour un élu, d’être à l’écoute de ses concitoyens et d’être en capacité de dialoguer sereinement avec eux. Mais tel n’était plus le cas, tout au moins, à l’époque, dans ma délégation. Une nouvelle politique, sans lien avec celle qui avait été prévue initialement dans le programme électoral de 2014, était, désormais, dictée par le cabinet du maire avec l’aide d’une partie de l’administration, sans concertation avec moi. Au surplus, comme je l’avais indiqué, à l’époque, aux journalistes du « Progrès », qui l’ont relaté dans les colonnes de leur journal, j’étais en total désaccord avec cette nouvelle politique, car, pour ma part, je suis pour la négociation et la recherche du consensus, même si cela exige une grande implication. Je pense que la confrontation, en matière sociale, comme, d’ailleurs, dans toutes les matières, ne mène à rien de durable au final. Avec cette méthode, vous réussissez ponctuellement car, à un moment, vous êtes le plus fort, mais, le jour d’après, ce sont les autres qui sont les plus forts et ils vous le font payer !!! C’est à long terme, une politique néfaste et je constate, aujourd’hui, encore, qu’un grand malaise règne au sein de la collectivité dans tous les services…

Au moment de votre démission, vous avez déclaré que ce manque de dialogue social n’était pas propre à votre délégation et plusieurs de vos collègues ont d’ailleurs démissionné par la suite…

Oui, le malaise est général car les promesses électorales, qui avaient fait naître un grand espoir parmi les agents de la collectivité et, d’une façon générale, chez nos concitoyens, ne sont pas, ou plus, au rendez-vous … Effectivement, plusieurs cadres de l’administration municipale, qui étaient en désaccord avec cette nouvelle politique et qui ne supportaient plus ce climat social délétère, ont démissionné. L’adjoint au commerce, Lionel SAUGUES, a fait de même, car la relance du centre-ville, qui avait été l’une des promesses électorales d’importance, a, elle aussi, été abandonnée avec la création, en périphérie, d’un grand centre commercial, désormais, concurrentiel des petits commerces de proximité du centre de la cité.

Le maire a déclaré que vous vous désintéressiez de « la chose publique » et que c’est pour cette raison, entre autre, qu’il vous avait demandé de lui remettre votre démission. Pensez-vous, avec le recul, que cette raison était justifiée et, aujourd’hui, quelle est votre vision de la politique ? Avez-vous toujours envie de vous investir, d’une façon ou d’une autre, pour la ville de SAINT-ETIENNE ?

J’ai été très meurtri quand le maire a voulu faire croire que je me désintéressais de la « chose publique » et que c’était pour cette raison qu’il m’avait demandé de lui remettre ma démission. Il a bien fallu qu’il minimise l’impact de mon départ, mais, quoiqu’il en soit, ainsi que cela a été rapporté dans la presse locale, à l’époque, beaucoup de mes collègues m’ont témoigné de leur sympathie et certains d’entre eux ont déclaré aux journalistes, qui les interrogeaient, « j’ai de l’admiration pour M. BEAL et pour le travail accompli », « j’ai accordé toute ma confiance à Michel et j’ai beaucoup aimé travailler à ses côtés » … De nombreux agents et responsables syndicaux m’ont fait part, également, de leur désarroi suite à mon départ … Ces messages de sympathie m’ont beaucoup touché et ont effacé, très rapidement, les propos, peu courtois, du maire, à mon endroit. Mais je ne cache pas que j’ai été déçu par le monde politique local et, aussi, national, car, si l’exercice du pouvoir exige des compromis, cela ne doit pas se faire au détriment des convictions et des engagements pris devant les citoyens. A défaut, le populisme risque d’obtenir, très bientôt, ici, comme c’est le cas ailleurs, l’adhésion du plus grand nombre… C’est pourquoi, je ne sais si j’ai encore envie de m’investir, dans un avenir proche, dans un nouveau combat politique pour notre ville…

Je vous remercie d’avoir répondu à mes questions. N’hésitez pas à me contacter, si vous souhaitez vous exprimer de nouveau dans le média citoyen Sainté Debout pour le bien de tous les stéphanois.

Merci Fabrice…