Côte-Chaude, symptôme d’un abandon organisé
À Saint-Étienne, le quartier de Côte-Chaude s’est vidé de ses médecins comme on ferme un à un les volets d’une maison qu’on prépare à l’abandon. Le kinésithérapeute est parti. Le dentiste a cessé son activité. Puis le médecin, dernier pilier de la médecine de proximité, a tiré sa révérence. Depuis 2021, la formule revient avec gravité dans les articles du Progrès : « le quartier n’a plus de toubib ».
En 2024, seize cabinets médicaux ont fermé à Saint-Étienne. En 2025, rien n’a changé pour Côte-Chaude. Les rapports officiels parlent de « désert médical ». Le terme n’a plus rien de métaphorique : il dit l’assèchement réel du soin dans un territoire où la population vieillit, où les besoins augmentent, et où l’offre disparaît.
Un désert prévisible
Ce n’est pas un accident. C’est la conséquence d’une mécanique connue. Les praticiens partent à la retraite, les structures ne sont pas remplacées, les maisons de santé promises ne voient pas le jour. Les autorités regardent ailleurs. Le quartier se retrouve seul. « Le kiné est parti, à présent c’est le médecin », témoignait une habitante dès 2021.
À Côte-Chaude, la désertification médicale ne tombe pas du ciel. Elle est anticipée, signalée, documentée depuis des années. Le vieillissement de la population locale rend l’abandon plus cruel encore : c’est précisément là où la médecine de proximité devient vitale qu’elle s’évapore en premier.
Vivre loin du soin
Que signifie vivre dans un quartier où il n’y a plus de médecin ? Concrètement, se déplacer plus loin, changer de commune, espérer qu’un cabinet surcharge accepte un nouveau patient. Pour les personnes âgées, pour les plus fragiles, c’est parfois renoncer à consulter.
Au-delà de la détresse individuelle, c’est toute une qualité de vie qui bascule. Un quartier sans médecin, c’est un quartier que l’on évite. Un quartier que l’on quitte. Un quartier à qui l’on retire le droit fondamental à la proximité.
Des solutions connues, jamais appliquées
Les pistes existent. Depuis longtemps. Un centre médical, une maison de santé pluridisciplinaire : des habitants, des professionnels, des pharmaciens l’ont réclamé. « Nous n’avons été ni écoutés ni suivis », dit un pharmacien du secteur Grand-Clos.
Des mobilisations locales ont émergé, des pétitions ont circulé. Les autorités de santé pourraient favoriser l’installation de praticiens, soutenir des regroupements, mutualiser des locaux. Rien de cela n’a encore été fait à une échelle suffisante.
2025 : toujours l’attente
En 2025, Côte-Chaude figure encore dans les dossiers consacrés aux zones de désertification médicale. Rien ne permet d’affirmer que la courbe va s’inverser. Ce qui se joue ici n’est pas un épisode, mais un modèle : celui de territoires qui décrochent silencieusement, faute d’avoir été considérés.
Ce quartier ne manque pas de besoins, il manque de décisions. Le désert médical n’est pas une fatalité. C’est un choix politique, ou son absence.V

Village Santé Pop : un événement vital pour nos quartiers !
Les déserts médicaux nuisent gravement à la santé de nos quartiers. Face à cette urgence, Sainté Populaire organise ce samedi 1er novembre de 13h à 18h, à l’Amicale laïque de Côte Chaude, un grand Village Santé Pop ouvert à toutes et tous.
Au programme : conseils et orientation médicale, ateliers et actions concrètes pour faciliter l’accès aux soins, mais aussi des temps d’échanges pour dénoncer la situation alarmante que vivent les habitant·es de Côte Chaude — et plus largement l’ensemble de la ville — en matière de santé.
Un moment de solidarité, d’entraide et de mobilisation populaire pour défendre le droit fondamental à la santé.

