À Sainté, des étudiants se lèvent : qui marchera avec eux ?


Ce matin, appel de Manelle, une étudiante de l’université Jean Monnet à Saint-Étienne que j’avais rencontrée huit jours plus tôt, lors d’une AG pour préparer la mobilisation du 10 septembre.— « Fabrice, on occupe un amphi, tu peux venir couvrir l’événement ? »

Je fonce. Mais arrivé sur place, bloqué à l’entrée : les surveillants me demandent mes papiers, préviennent la direction, et verdict : pas d’accès, pas d’interview possible à l’intérieur. Échange cordial, certes, mais quand je demande si l’université soutient ses étudiants mobilisés, la réponse tombe : silence, pas de prise de position.

Alors je reste dehors. Micro ouvert à celles et ceux qui osent parler. Mais beaucoup se taisent, par peur. Peur des représailles. L’an passé déjà, des étudiants de Sciences Po avaient vu leurs noms relevés, et certains avaient été suspendus, juste avant leurs examens.

Dans l’amphi, rien d’explosif pourtant, pas de casseurs, pas d’extrémistes, juste des jeunes qui veulent expliquer pourquoi ils se mobilisent, qui veulent débattre avec d’autres étudiants, mais aussi avec leurs professeurs, avec le personnel, mais ces portes là, on les leur ferme.

Et que disent-ils, ces jeunes ? Que le droit de grève, à la fac, n’existe plus, que les bourses sont rabotées par des critères absurdes, que beaucoup n’arrivent plus à manger correctement. Alors ils défendent le repas à un euro, demandent plus de moyens pour les universités, réclament une vraie reconnaissance de la précarité étudiante. Certains vont plus loin : un revenu universel, une fac gratuite, ouverte à toutes et à tous.

Et moi, je repose la question, une question qui ne s’adresse pas seulement aux étudiants, mais aussi à leurs professeurs, à leurs parents, aux responsables des universités :
Allons-nous les laisser porter seuls ce fardeau ou allons-nous marcher avec eux, dire à leurs côtés que l’avenir ne doit pas être synonyme de galère et de faim, mais d’études dignes et d’émancipation ?

C’est à espérer. Et c’est à construire, ensemble.

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