Ce matin, une poignée de manifestants étaient là dès 6 heures, devant la gare de Chateaucreux, pour lancer la journée. À 8 heures, près de 500 personnes se sont réunies en assemblée, et nous avons choisi ensemble de rejoindre les étudiants qui bloquaient l’université Jean Monnet à Tréfilerie. Nous avons appris plus tard dans la matinée que les lycées Mimard et Honoré d’Urfé étaient eux aussi bloqués.


Tout au long de la journée, la mobilisation a grandi : des centaines, puis des milliers de personnes, jusqu’à environ 6 000 y ont participé. L’ambiance est restée pacifique et conviviale : des jeunes et des anciens, des couples avec des enfants, des soignants, des ouvriers, des employés, des enseignants et des étudiants, rassemblés dans une même volonté.

Cette volonté était claire : dire non à l’austérité, exiger un véritable réinvestissement dans nos services publics – santé, éducation, transports, justice, revendiquer des salaires, des retraites et des minima sociaux indexés sur le coût de la vie réelle, défendre nos jours fériés, nos acquis, et plus largement une vie digne, la démission d’Emmanuel Macron, un président méprisant envers le peuple, un président symbole d’un pouvoir qui ne répond pas aux besoins du pays.
Chez les étudiants et les lycéens, c’était aussi le refus d’un système éducatif abîmé par les coupes budgétaires et le droit à la grève qui leur a été retiré. Comme me l’a expliqué Manelle, une étudiante : « Nous faisons des blocus parce que nous ne pouvons pas faire grève, cela n’est pas considéré comme un motif d’absence justifié. Nous aimerions aussi obtenir un revenu universel étudiant. «
Lila et Milo, également étudiants me confient qu’ils ont le soutien de leurs professeurs dans leur lutte et que beaucoup de gens de tous les âges viennent les féliciter pour leur mobilisation.
J’ai d’ailleurs discuté, tout au long de cette journée, avec de nombreuses personnes de différentes générations, qui participaient ou pas à la mobilisation… Elles comprenaient très bien la colère des manifestants. Marie Paule, ancienne institutrice, et Hélène, infirmière à la retraite m’ont dit : « si le peuple ne bouge pas maintenant et continue de subir sans rien dire cette politique qui nous est imposée alors il est prêt à accepter n’importe quel régime et n’importe quelle mesure ! »

Nous regrettons qu’en fin de matinée, une poignée d’individus ait profité de cette mobilisation pour dégrader quelques vitrines et un abribus. Cela ne représente en rien notre mouvement et donne aux médias traditionnels un prétexte facile pour ignorer ce qui compte : la légitimité de notre colère et l’ampleur de notre mobilisation.

À 15 heures, nous nous sommes retrouvés devant la Bourse, avec l’ensemble des syndicats, pour affirmer notre unité et notre détermination à continuer ensemble et nous avons marché avec eux jusqu’à l’hôtel de ville avant de revenir à la gare de Chateaucreux où nous avons fixé deux rendez-vous demain, jeudi 11 septembre à 8h au Rond point de Monthieu et à 18h, devant l’Hôtel de Ville, avec le ferme espoir de parvenir à nous faire entendre.
